A. LOMBARD-DUMAS. – DE POUZOLZ ET SON OEUVRE
La Botanique dans le Gard
DE POUZOLZ ET SON ŒUVRE
par M. A. LOMBARD – DUMAS
Dans une des séances de l’année 1876, Gabriel Féminier lisait, devant les membres de la Société d’étude des sciences naturelles de Nîmes, une biographie de de Pouzolz tracée d’après la correspondance de ce botaniste.
Par une fatalité inexplicable, ni le travail de Féminier, ni les éléments qui lui avaient servi de base n’ont été retrouvés après la mort de ce jeune et bon collègue survenue il y a près de dix ans.
De cette double perte, il résulte qu’un éminent botaniste du midi de la France, l’auteur de l’importante Flore du département du Gard, reste uniquement connu par son œuvre et que ses successeurs ignorent qui il fut, d’où il était.
De Pouzolz cependant avait, durant plus d’un quart de siècle, parcouru en tout sens la vaste étendue de notre département, n’ayant d’autre but, d’autre compensation à ses fatigues que le désir d’être utile à la science.
Un tel dévouement ne méritait-il pas quelques notes de biographie, la reprise de l’œuvre de Gabriel Féminier ? Nous avons fait de notre mieux pour y parvenir ; mais on verra que, malgré nos efforts, l’hommage que nous allons tenter de rendre à notre savant compatriote présente de nombreuses et importantes lacunes, car ceux de ses contemporains qui auraient pu nous renseigner ont à peu prés tous disparu, et sa famille est complètement éteinte.
PIERRE-CASIMIR-MARIE DE POUZOLZ naquit le 17 novembre 1785 à Nîmes, et non pas à Manduel, comme on l’avait cru jusqu’ici : sa famille habitait encore Nîmes au moment de la naissance de ce fils aîné, et ce fut une ou deux années après seulement qu’elle vint se fixer à Manduel.
C’est à Nîmes également qu’est mort notre botaniste ; mais il avait passé à Manduel la première partie de sa vie, tout en faisant ses études classiques au collège du chef-lieu, et c’est encore dans cette petite localité qu’il était venu se fixer lorsque, à l’avènement du roi Louis-Philippe, il prit volontairement sa retraite. Il y demeura longtemps, et ce n’est que peu avant sa mort qu’il abandonna le village pour revenir dans la grande ville.
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Nous ne possédons que très peu de détails sur la vie militaire du capitaine de Pouzolz, mais la date de sa naissance autorise à penser qu’il participa aux dernières guerres de l’Empire, à la terrible guerre d’Espagne, entr’autres, puisqu’il rapporta du siège de Lérida une plante nouvelle pour la science, qui lui fut dédiée par Girard sous le nom de Statice pouzolziana ; ce nom plusieurs fois répété dans la Flore Française de de Candolle, comme dans la Flore de France de Grenier et Godron, nous apprend que de Pouzolz avait tenu garnison en Corse où il herborisa beaucoup (1) ; enfin, sa correspondance avec la plupart des botanistes marquants de son époque témoigne aussi de ses nombreux voyages dans les diverses parties de la France, du Nord au Midi, de Thionville à Toulon. Où qu’il fut, en effet, la botanique avec lui ne perdit jamais ses droits : ce laborieux soldat faisait marcher de front le devoir et la science.
Sa physionomie cependant ne disait pas une âme batailleuse, mais au contraire attentive et douce. M. Stanislas Clément nous l’a fort heureusement conservée dans un portrait jugé très ressemblant par quelques rares survivants de ceux qui ont connu de Pouzolz ; cette fidèle image est placée dans une des salles du Muséum d’histoire naturelle dont la ville de Nîmes doit à M. Clément la remarquable installation ; elle figure à côté de celles du géologue Emilien Dumas, de l’ornithologiste Crespon et du savant Quatrefages, dont les travaux ont illustré notre département.
De Pouzolz jouissait auprès des botanistes de son temps d’une réputation et d’une estime méritées : plusieurs, en son honneur et pour perpétuer sa mémoire, ont appliqué son nom à certaines plantes ignorées jusqu ‘à lui et que la science doit à la sagacité de son observation : telles le Statice pouzolziana déjà cité ; le Chara Pouzolzii J. Gay, de Corse; le Gastridium Pouzolzii J. Gay, de Toulon ; le Cynosurus Pouzolzii Loiseleur-Deslongchamps, de Corse; l’Hyacinthus Pouzolzii J. Gay, de Corse également; le Cistus Pouzolzii Delile, de nos Cévennes; le Lythrum Pouzolzii Dunal, des plaines du Gard ; l’Agropyrum Pouzolzii Grenier et Godron, de Manduel, etc… Le nom de Pouzolzia fut également consacré par le botaniste Gaudichaud à un genre nouveau d’Urticacées, voisin des Bœhmeria et formé d’environ 45 herbes ou arbustes des deux mondes mais principalement de l’Orénoque.
(1) de 1820 à 1823.
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De Pouzolz ne fut pas seulement un botaniste considérable : la conchyliologie vivante et fossile occupait entre temps ses loisirs. Notre compatriote s’est particulièrement distingué dans cette branche de l’histoire naturelle par quelques découvertes qui lui ont valu de la part de Deshayes, l’illustre auteur de la Description des animaux sans vertèbres du bassin de Paris, la dédicace d’une Hélix vivante, l’Helix Pouzolzii, très voisine mais distincte de l’H. Algira L. Dans sa maison, s’étalait à côté de son herbier une belle collection de mollusques vivants et fossiles, et toute composée de sujets remarquablement choisis.
En 1842, de Pouzolz présentait à l’Académie de Nîmes, dont il faisait partie depuis 1833, un Catalogue des plantes qui croissent naturellement dans le Gard, pour servir à la formation de la Flore de ce département (Nismes, typ. Ballivet et Fabre, in- ° de 46 p.) Ce fut le prélude de son grand ouvrage descriptif qui ne parut que plus tard, profitant ainsi de 10 à 12 années de courses complémentaires.
Ce Catalogue est quelquefois rappelé par l’auteur lui-même dans sa Flore du Gard. Le premier volume de celle-ci parut, en 1856 et 1857, en plusieurs fascicules (1) ; la municipalité de Nîmes et le Conseil général du Gard participèrent aux frais de leur impression.
Les Flores départementales ou locales sont nombreuses aujourd’hui. Celle que nous devons à de Pouzolz fut une des premières ; elle a devancé de près de vingt ans la Flore de Montpellier. Son texte est orné de sept planches en couleur, représentant les principales créations du botaniste nîmois. Elles avaient été dessinées par Mme Delile, femme du professeur de Montpellier , devenue plus tard Mme Cambessèdes, une très habile artiste qui avait mis gracieusement son talent à la disposition de notre auteur; mais son œuvre fut à tel point défigurée par un maladroit lithographe qu’elle refusa de la signer.
Les plantes représentées par Mme Delile·et tirées hors texte n’ont pas toutes la même valeur scientifique : les variétés Sylvœrealis du Vicia angustifolia (pl. 2), megacephalon de
(1) Flore du département du Gard ou Description des plantes qui croissent naturellement dans ce département par de Pouzolz, capitaine en retraite, membre correspondant de la Société linnéenne de Paris et de l’Académie du Gard. Utile dulci… Tome 1, première partie, à Nîmes, chez Teissier, libraire. boulevard de l”Esplanade, et chez l’auteur, rue de la Servie, vis-à-vis le viaduc du chemin de fer de Montpellier 1856. -2e partie 1857.
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l’Eryngium campestre (pl. 4) et laciniatum du Xanthium macrocarpum (pl. 6) ne sont qu’accidentelles : la première est un cas d’albinisme fréquent ; on n’a jamais revu ni la seconde, ni probablement la troisième. Quant au Scleranthus hamosus de la pl. 3, son histoire est assez singulière. Cette humble paronychiée des sables granitiques eut bien des vicissitudes.
Le docteur Bernardin Martin, d’Aumessas, l’avait observée pour la première fois sur l’Esperou et se proposait de la décrire sous le nom de Scleranthus uncinatus, par allusion à ses lobes calicinaux recourbés en crochet. Mais Martin, jeune encore, n’osa pas se lancer dans la description et attendit. Dès la première occasion, il communiqua sa découverte au maître. De Pouzolz s’en empara et en donna la diagnose, suivie de la fig. III, dans son premier fascicule de sa Flore du Gard, sous le nom de Scl. hamosus (en hameçon), modifiant à peine l’expression du docteur Martin. – J’ai entendu, il y a bien longtemps, ce bon docteur se plaindre doucement d’un tel procédé. – Mais cette même plante était déjà connue en Allemagne, où Schkhur l’avait décrite avant le botaniste du Gard et, par une singulière coïncidence, lui avait aussi, comme se l’était proposé Martin, imposé l’épithète de uncinatus. La priorité serait donc restée à l’appellation allemande si des études plus serrées, dans ce genre délicat, n’avaient conduit M M. l’abbé Hippolyte Coste et le docteur Gillot à ne voir dans Scl. hamosus qu’une variété du Scl. annuus L. (1) Plus tard enfin, B. Martin lui-même reprit l’étude de cette espèce tant controversée et la rapporta définitivement au Scl. polycarpus décrit par Linné sur des échantillons envoyés de Lasalle (Gard) par son célèbre correspondant de Montpellier, le professeur Boissier de Sauvages. (Bull.Soc. bot. Fr. 1894. p. 203).
Puisque nous ravissons ainsi à de Pouzolz l’honneur de cette découverte, nous devons lui rendre justice contre lui- même à propos d’une composée nouvelle qu’il avait eu l’occasion de recueillir au Serre-de-Bouquet, dans l’arrondissement d’Alais, et dans les garrigues de Nîmes ; elle existe également à la Coste, près d’Aubussargues, dans l’arrondissement d’Uzès, où nous l’avons bien des fois rencontrée . Notre floriste avait alors très sainement apprécié la valeur· de cette Scorzonère méridionale, en l’inscrivant, dans son Catalogue, comme nouveauté botanique, sous le nom de Scorzonera buplevrifolia. Il fut plus tard mal inspiré quand, se reprenant, il la débaptisa pour l’assimiler au Sc. crispa Bieberstein (Fl. du Gard, t. 1, p. 616, pl. 5).
(1) Bull. Soc. bot. Fr. 1891, p. CXXXVII, Session de Collioure.
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Cette dernière plante, en effet, est une espèce propre à la Chersonèse et à la Tauride et diffère spécifiquement de celle d u Gard, à laquelle il convient donc de restituer le nom de Sc. buplevrifolia Pouzolz.
Notre département et la science française doivent encore à notre compatriote trois intéressantes et précieuses acquisitions : une nouvelle et très curieuse espèce de Ciste, qui a le caractère singulier d’épanouir ses pétales blancs dès les premiers rayons du soleil levant et de les laisser choir quelques minutes après; en sorte que, pour recueillir ses fleurs moins qu’éphémères, il faut être sur les lieux dès le point du jour. Delile a décrit cette espèce, rare et spéciale à nos Cévennes, sous le nom de Cistus Pouzolzii (Pl. 1 de la (Fl. du Gard).
Dans la localité classique du bois de Salbouz, et sur les Causses de Blandas et de Campestre, végète une Euphorbe échappée à l’observation d’un grand nombre de botanistes : de Pouzolz sut la discerner. Il l’a décrite dans sa Flore, en conservant le nom qu’il lui avait primitivement attribué dans son Catalogue de 1842. L’Euphorbia papillosa Pouzolz (fig. VII) est une espèce voisine de l’ Eu. verrucosa Lamk., dont elle diffère surtout par ses capsules couvertes de tubercules inégaux en forme de crêtes saillantes.
Enfin, les environs de Manduel, si familiers à notre savant, lui offrirent l’occasion de remarquer, dans un genre de graminées connu comme un des plus difficiles, une espèce encore inédite, qu’il nomma Triticum gracile, mais que Godron reprit pour lui donner le nom de Triticum Pouzolzii, et qu’enfin Grenier et Godron réunis ont fait passer dans le genre Agropyrum en lui conservant toujours l’épithète de Pouzolzii (Fl. de Fr. tome III,·p. 608). Cette espèce eut mérité les honneurs d’une figure dans la Flore du Gard.
A ces divers titres de haute notoriété, il est bon d’ajouter que la flore française doit aussi au botaniste de Nîmes la première constatation de l’ Euphorbia pilosa L. à Toulon , et, dans notre pays, du Galium pedemontanum Allioni, plante fort rare, réputée jusqu’alors spéciale au Piémont : de Pouzolz, en habile observateur, la reconnut en passant, pendant une de ses courses avec Diomède en 1850, dans la vallée d’Aulas, au-dessus du Vigan. Depuis, cette rubiacée a été signalée dans l’Isère et, tout dernièrement, au Saint-Guiral , sur les limites du Gard et de l’Aveyron par M. l’abbé H. Coste.
Nous devons enfin attribuer à de Pouzolz le mérite d’avoir su distinguer, dans l’essence de la pinède de Bordezac, prés
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d’Alais, le Pinus Salzmanni Dunal, variété aberrante du Pin de Corse, qui ne se rencontre plus et seulement par petites colonies comme à Bordezac, que dans certaines vallées des Pyrénées et, dans l’Hérault, à Saint-Guilhem-le-Désert.
De Pouzolz herborisa tant que l’âge le lui permit ; il avait réservé les travaux de description pour les loisirs forcés qu’impose la vieillesse. E1le ne lui en laissa pas assez. « Je vous engage à m’adresser au plus tôt vos récoltes de Provence, écrivait-il à l’un de ses correspondants, le 14 avril 1852 (1) , pour les confronter avec mes plantes du Gard. Je serais bien contrarié si je ne les recevais pas cet hiver. J’ose espérer que vous prendrez en considération mes soixante dix ans qui ne me permettent pas d’attendre. » Cette impatience n’était que trop justifiée. Le vieux savant mourut sans éprouver le bonheur d’avoir vu se réaliser toutes ses espérances scientifiques, peut-être même eut-il, à ses derniers moments, la douleur de croire à jamais incomplète l’œuvre à laquelle il avait consacré tant d’années de sa laborieuse existence.
Heureusement pour lui et pour nous, un homme se rencontra, assez dévoué à la science pour tenter de mener à bien la tache inachevée. Philippe Courcière, professeur d’histoire naturelle au Lycée de Nîmes, reprit, quatre ans après la mort de l’auteur, l’œuvre interrompue. Basant son travail sur l’herbier du maître et contrôlant ses déterminations en suivant, comme lui, l’ordre et les descriptions de !a magistrale Flore de France de Grenier et Gordon , Courcière publia la grande classe des Monocotylédonées et celle des Fougères qu i manquaient encore à la Flore du Gard. Il vint rapidement à bout de son entreprise.
Un peu trop rapidement peut-être, car, pour nous personnellement, nous avons plusieurs omissions à lui reprocher, deux surtout que de Pouzolz n’eut certainement pas commises puisque c’est de sa propre main qu’il avait recueilli et étiqueté les deux plantes qui font l’objet de celte légère critique. L’une est la variété B marinum Koch de l’Hordeum secalinum L. récoltée à Bellegarde, l’autre un Triticum vulgari-triaristatum Gr. et Godr. rencontré à Manduel ; un exemplaire de chacune d’elles figure dans riotre herbier et provient de dons faits au docteur Diomède, mon vieux maître, par de Pouzolz lui-même.
(1) H. Loret. Bull. Soc. bot.Fr. Tr. 34, p. 327.
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Est-ce à dire que si l’auteur avait eu assez de vie pour terminer son œuvre il nous l’eut léguée exempte de fautes ? Malheureusement non ! La Flore du Gard présente de fréquentes lacunes, il faut en convenir : les successeurs du maître ont trouvé beaucoup à glaner après lui.
Mais si l’on tient compte de l’époque où de Pouzolz se livrait à l’inventaire des végétaux qui peuplent notre vaste département en ses régions si diverses, des sommets de l’Aigoual et des pentes de la Lozère à la mer, si l’on se représente les difficultés de transport et de gite il y a près de 70 ans, si l’on songe surtout que rien, à part les quelques indications plus ou moins fautives des anciens botanistes Gouan et Sauvages, rien n’avait encore été·publié sur les richesses de cette flore, – on reste tout surpris devant l’énorme dépense d’activité, de forces, de temps, nécessaire à l’accomplissement d’une tache pareille (1).
Il est juste cependant de dire ici que de Pouzolz doit aux docteurs Bernardin Martin, d’Aumessas, et Diomède Tweskiewicz, du Vigan, de nombreuses observations qui facilitèrent singulièrement son travail dans les Cévennes. Quelque intrépide explorateur que fut encore le vieux botaniste, il n’eut jamais pu venir à bout de cataloguer, sans leur aide, les espèces végétales de tous les replis de ces rudes montagnes. Mais il contrôla les renseignements de ses correspondants cévenols, soit par une revue attentive de leurs propres herbiers, soit en parcourant en leur société et à maintes reprises les principales localités de cette âpre partie du Gard.
On s’est.quelquefois montré sévère pour notre auteur : outre ses omissions, inévitables cependant en de telles conditions,
– nous l’avons déjà dit, – on lui a reproché d’avoir trop servilement copié les diagnoses de sa Flore dans le grand ouvrage de Grenier et Godron. Mais nous pensons au contraire que, ne pouvant faire mieux, il avait pris un excellent parti en prenant cet excellent modèle. On peut d’ailleurs s’assurer que cette copie n’a jamais rien de servile : les modifications, parfois même les rectifications d’analyse personnelles à de Pouzolz sont très fréquemment évidentes.
L’œuvre que nous a léguée de Pouzolz est d’un mérite incontestable. Le vieux savant y consacra toutes les forces de l’âge mûr, toute l’expérience de la vieillesse ; nous lui devons un
(1) La moyenne des plantes vasculaires d’un département fraunçais est de 1000 à 1300 espèces ; le Gard en nourrit 2300.
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trésor. Sans lui, ce monument élevé à la Flore du Gard serait certainement encore à édifier, sans lui les richesses végétales de notre beau pays resteraient encore inconnues du plus grand nombre, car, – je puis hautement l’affirmer, – les efforts réunis des rares successeurs du botaniste nîmois dans le département du Gard n’eussent jamais fourni une somme de forces assez considérable pour accomplir un tel travail d’ensemble. .
Le 5 mars 1858, la·mort surprit de Pouzolz en pleine activité dans la petite maison qu’il habitait depuis deux ou trois ans à Nîmes, rue de la Servie, en face du Viaduc. Cet immeuble a été rasé depuis pour faire place à un hôtel, agrandi par des acquisitions latérales.
L’énorme herbier du laborieux botaniste, composé.de prés de vingt mille espèces, fut acheté à vil prix par un libraire de Nîmes et racheté par les soins de J.-E. Planchon pour l’Ecole de Pharmacie de Montpellier, ou malheureusement il fut démembré et fondu dans l’herbier général.
Ses belles collections de conchyliologie, formées de pièces de choix, surtout en paléontologie, subirent le feu des enchères publiques et s’en allèrent, dispersées par petits lots, chez quelques collectionneurs et marchands ; toutes n’ont pas eu l’heureux sort de celles qui, recueillies par Emilien Dumas, sont venues augmenter les riches collections du géologue de Sommières.
Sa bibliothèque, ses manuscrits ont disparu. Seul, un catalogue des Lichens de la campagne de Nîmes, petit manuscrit in 4° de 22 pages, jadis possédé par Roumeguère , a survécu peut-être à ce lamentable naufrage, sans que nous sachions toutefois ce qu’il est devenu depuis la mort de l’éminent mycologue de Toulouse.
Mais le nom de de Pouzolz, illustre déjà dans les fastes de la botanique française, restera honoré dans le département du Gard tant que subsistera en ce beau pays un ami de l’aimable science.
Sommières, le 24 décembre 1899