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Indication de quelques plantes, non mentionnées dans la FLORE DU GARD, qui ont droit à une place sur le catalogue botanique de ce département.

Nous ne saurions trop nous applaudir de l’heureuse idée qu’a eue de Pouzolz, à une époque déjà éloignée de la nôtre, d’entreprendre le recensement des espèces végétales disséminées dans notre département, ni trop louer le zèle persévérant qu’il a apporté dans la recherche et l’élaboration des matériaux relatifs à notre flore.
Dans sa longue et difficile tâche, à laquelle il a consacré plus de quarante année de sa vie (1) le floriste de Nîmes s’est montré à la fois explorateur infatigable et observateur judicieux.

(1) Pendant que de Pouzolz élevait par ses travaux botaniques un monument à cette partie des sciences naturelles qui a pour objet la connaissance des végétaux, un autre savant, esprit généralisateur et pratique à la fois, notre éminent géologue E. Dumas, se faisait remarquer dans la culture d’une autre branche de l’histoire naturelle du Gard, et préparait les élément:; d’une publication magistrale qu’une mort prématurée ne lui a pas permis de mettre au jour, et dont la sollicitude pieuse de notre ami M.Lombard-Dumas, son gendre, a doté depuis quelques années la science géologique.
Ces deux naturalistes distingués ont, dans le même temps, honoré notre département par un dévouement passionné à une noble tâche, et l’exemple de vies entières remplies par le culte désintéressé de la science.
Associons ici leurs noms et confondons leur mémoire dans les mêmes témoignages d’admiration et de reconnaissance !

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Ses appréciations botaniques portent la marque d’une sagacité et d’une sureté de discernement, qui l’ont ordinairement tenu en garde contre l’écueil des déterminations erronées et des diagnoses fautives.
Il faut cependant reconnaître que malgré sa puissante activité et l’heureux emploi de ses rares facultés, notre observateur n’est point parvenu à tout voir et à tout bien voir autour de lui, et qu’il a laissé dans son œuvre un assez grand nombre de lacunes et d’omissions (1).
Les Botanistes du Gard, engagés dans une route où se fait incessamment sentir le besoin de chercher l’empreinte des pas de notre éclaireur, ont été tout naturellement amenés à relever ces lacunes et à réparer ces omissions. Chacun d’eux, devenu par l’habitude des mêmes recherches locales familier avec les détails de sa florule particulière, est arrivé à ne rien méconnaître de ce qui végète sur son terrain, et a fini par remarquer sur le catalogue déjà connu des vides qu’il a comblés en mettant à la place ses propres nouveautés.
De cette manière, les continuateurs de l’œuvre de de Pouzolz ont pu, par des acquisitions nouvelles, accroître le fonds botanique créé par le labeur opiniâtre de notre mémorable travailleur, et ont sensiblement reculé les limites de l’héritage scientifique qu’il nous a légué.
Il n’entre pas dans notre plan de reproduire l’énumération des découvertes déjà faites en ce genre, ni d’indiquer d’une façon détaillée la part de chacun dans ces conquêtes de la

(1) Malgré quelques imperfections, la Flore du Gard ne laisse pas d’être un ouvrage recommandable à bien des titres. Elle est d’abord notre premier document botanique, et un document en général de bon aloi ; elle fournit ensuite à notre département ses preuves de propriété sur un lot de plantes atteignant plus de 2,000 espèces ; elle est enfin une source précieuse d’informations et un guide ordinairement sûr auquel doivent demander conseil tous ceux qui partagent nos goûts et occupent leurs loisirs à nos recherches phytostatiques.

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 science. Notre intention actuelle est de faire connaître ce que notre ami le docteur Diomède Tweskiewicz et nous, avons trouvé de nouveau dans la région montagneuse de l’arrondissement du Vigan.
Cette région répond assez exactement à la terminaison, dans nos Cévennes, d’un de ces vastes rayonnements géologiques que le plateau central de la France émet dans la direction du Sud. Elle offre sur un espace restreint une échelle altitudinaire à écarts assez divergents pour se prêter à l’établissement, sur des points rapprochés, de stations climatologiques différentes et pour y favoriser la formation d’associations végétales se reliant à des florules d’origines multiples. On la voit, en outre, si variée par les accidents de sa configuration extérieure, si diverse par la constitution physique et la structure géologique du sol, qu’il n’est point surprenant de la trouver remarquable par la richesse et le caractère original de sa végétation.
De Pouzolz a toujours montré une prédilection particulière pour nos montagnes, et témoigné à notre florule un attachement dont il a été bien récompensé par la bonne fortune qu’il a eue de faire dans notre pays ses meilleures récoltes, et d’y accomplir ses découvertes les plus estimées.
Ce n’est pas sans une douce émotion que nous nous remettons en mémoire les intéressantes excursions auxquelles l’excellent maître prenait plaisir à nous associer, et que nous retrouvons dans notre esprit le souvenir des causeries familières, par lesquelles il encourageait nos premiers efforts botaniques, et cherchait à nous rendre facile la connaissance des plantes.
Cependant, ici pas plus qu’ailleurs, le sympathique explorateur de nos montagnes n’a eu le don de mettre la main sur tous les éléments de notre flore, et de ne laisser aucun oubli ni aucune omission sur ses listes de recensement (1).

(1) On comprend sans peine que notre riche florule n’ait pas livré tous ses secrets avec le plus complaisant abandon à un botaniste étranger au pays,

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Mieux partagés sous ce rapport, nous avons obtenu l’heureuse rencontre de quelques espèces qui s’étaient obstinément dérobées à la main sûre et au regard exercé du maître, et nous nous empressons de mettre fin, par cette notice, à l’oubli dans lequel elle sont restées jusqu’à ce jour (1).
Quoique nos trouvailles n ‘aient pas une bien grande valeur, qu’elles ne soient pas autre chose que des glanes, de simples et modestes glanes, venant après les amples moissons, qui sont l’honneur de tous nos devanciers (2), nous sommes

n’ayant ni une notion exacte de ses détails topographiques, ni la facilité d’assister pendant un assez 1ong temps aux phases successives du développement de notre végétation. Nous savons cela nous-même par expérience. Quoique placé dans les meilleures conditions d’observation et jouissant des avantages d’une situation privilégiée, nous n’avons pas pu obtenir de ne pas pêcher par défaut dans la composition d’un catalogue de plantes de notre circonscription publié en 1875, dans le Bulletin de la Société botanique de France, lequel, malgré sa date récente, accuse déjà son insuffisance et demande un supplément.
C”est pourquoi nous prenons sans scrupules la permission de ne pas juger trop sévèrement les fautes par omission et les oublis commis par l’auteur de la Flore du. Gard. Nous inclinons plutôt vers l’indulgence du vieux poète, si satirique pourtant à son heure, que ne trouvant pas inexorable les tâches remarquées aux œuvres de son temps et qui ne s’offense pas outre mesure des légers écarts échappés à l’inattention et à l’imprévoyance humaines.
(1) Loin de nous la prétention de croire que, même à la faveur de l’exploration minutieuse de tous les coin et recoins de notre circonscription, il nous ait été donné d’avoir toutes les réussites possibles, au point de n’y rien laisser en réserve pour les chercheurs de l’avenir. Nous pensons, au contraire, que la liste des nouveautés pour notre flore, loin d’être close par ce travail, reste et restera longtemps encore ouverte à d’autres succès, et nous craignons qu’il ne faille encore beaucoup de temps et des efforts soutenus avant que la dernière moisson se fasse,et que le dernier gain botanique soit acquis dans nos Cévennes.
(2) On connaît à de Pouzols des prédécesseurs non pas pour la flore départementale tout entière, mais pour celle de notre région cébennique. Avant lui, et suivant une vieille tradition conservée encore de nos jours, les naturalistes de Montpellier avaient coutume de venir dans notre contrée demander

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 encouragés à les produire par l’espérance qu’elles pourront avoir leur emploi dans le prodrome de l’histoire naturelle du Gard, dont la Société d’étude des sciences naturelles de Nîmes poursuit l’exécution.
Ce mince butin est notre part contributive à des études qui inspirent le plus légitime intérêt aux botanistes du Gard ; il concourra dans sa mesure à l’agrandissement d’une flore dont il est bien désirable de voir au plus tôt toutes les inconnues dégagées et mises en lumière.
Notre but sera atteint et nous nous estimerons favorablement traités, si, pour prix de tous les efforts dont ce travail est le fruit, il reçoit un bon accueil des amis de la science, et s’il est jugé digne d’assurer à deux vétérans de la botanique des Cévennes une mention parmi ceux qui ont bien mérité de la Flore du Gard.
Voici la liste des nouveau tés que nous a offertes l’étude de notre florale montagnarde :
THALICTRUM EXPANSUM. Jord.La Tessone (Mart.)
AQUILEGIA VISCOSA. Gouan. Eboulis dolomitiques de la Tessone, vis-à-vis le village de Bez (Diom T.et L. Anthouard (1).

aux stations montagneuses de Salbouz, de l’Espérou et de l’Aigoual, des satisfactions botaniques refusées à leur curiosité dans leurs appartenances du Caroux et de l’Espinouse. Sous ce rapport, l’histoire de la phyto­graphie des Cévennes, emprunte d’anciens et glorieux souvenirs à l’éclat des noms de Rondelet, Richer de Belleval , Magnol, Gouan, de Candolle, Delile, Dnnal, etc. Les herbiers et les livres composés par ces maîtres célèbres témoignent de leur passage sur notre sol, et ont conservé la trace des découvertes que leur doit notre Flore.
(1) M. L. Anthouard, avocat au Vigan, aujourd’hui notaire à Sauve, est un jeune botaniste qui a déjà fait ses preuves. Nous ressentirons longtemps les regrets que nous a causés l’éloignement d’un aussi utile auxiliaire. Espérons que les nouveaux devoirs professionnels de notre ami ne le prendront pas tout entier et ne priveront point d’une manière notable nos recherches botaniques du précieux concours de sa collaboration.

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PAPAVER MICRANTHUM. Boreau. Les environs du Vigan (Diom T.) Campestre et le bois de Salbouz (Mart.)
CORYDALIS FABACEA. Pers. Les pentes de l’Aigoual (Mart.) Voir Bulletin de la société d’étude des sciences naturelles de Nîmes, 5e année, mai 1877.
CARDAMINE RESEDIFOLIA. L. Var. integrifolia. Lec. et Lam. Pentes de l’Aigoual ( Mart.) (1).
CLYPEOLA GAUDINI. Trachs. Les rochers à Blandas, au Luc (Mart.)
C. LOEVIGATA. Jord. Blandas. (Diom.) La Rigalderie (Mart.) (2).
CAMELINA SILVESTRIS. Wallr. Campestre. bois de Salbouz (Mart.)
IBERIS COLLINA. Jord. Les pentes calcaires au Luc. (Mart.) (3).
I. PANDURŒFORMIS. Pourr. Plateau triasique de la More, entre Estelle et Alzon , dans les champs de pommes de terre, septembre et octobre (Mad) (4).

(1) Pour ne laisser dans l’ombre que le moins de choses possible, nous avons, comme on le voit, pris le parti de faire entrer dans notre cadre toutes les formes végétales non signalées par de Pouzolz, dans la Flore du Gard, les simples variétés aussi bien que les vraies espèces elles-mêmes.
(2) Ce Clypeola diffère du C. Jonthlaspi L. qui manque dans notre contrée, par ses silicules petites, obovales ou elliptiques plutôt qu’orbiculaires, glabres, lisses et luisantes.
(3) Notre espèce, avec ses pédicelles hispides-glabres, ne peut être assimilée à celle de la flore jurassique ù laquelle M. Grenier attribue des pédicelles lisses et glabres; mais elle répond exactement à la plante dont M. l’abbé Cariot a donné sous le même nom, une courte analyse dans son Etude des Fleurs. Cette identité nous est démontrée par l’entière conformité de nos échantillons du Luc avec ceux de Serrières-sur-Rhône (Ain), localité classique où M. Jordan a pris les exemplaires qui lui ont servi de spécimens pour la description de son espèce, et ceux qui font partie de la collection. des centuries de Billot sous le n° 3518.
(4) Nos échantillons se distinguent par leurs tiges cour tes, assez grosses, très ramifiées dès la base, leurs rameaux étalés en tous sens, leurs nombreuses

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CAPSELLA RUBELLA. Nent. Les lieux incultes.
HUTCHINSIA PAUCIFLORA. Kock. Bords de la Vis, à Vissec (Diom.)
VIOLA SGOTOPHYLLA. Jord. Aulas (Diom.) Aumessas , Campestre (Mart.)
V. SEPINCOLA. Jord. Aulas (Diom.) Campestre et Luc (Mart.)
V. ARENARIA DC. Le bois de Salbouz, le Rouquet d’Oms (Mart).
POLYGALA VULGARIS. V. Calliptera. Legrand. P. Calliptera. Legr. in Bulletin de la société botanique de France, 1881,p. 54, prairies à Lasfons (Diom. et Anth.) (1).
P. OXYPTERA. Rchb. Les prairies à Blandas (Mart.)
ALSINE CONFERTA. Jord. Aulas, Alzon , Blandas.
A. TENUIFOLIA. V. Laxa. Jord. Aumessas.
ARENARlA LEPTOCLADOS. Guss. Les murailles.
STELLARIA BORŒANA. Jord. Les murs, à Campestre.
SPERGULA VULGARIS. Bœnnigh. Prunaret, près de Dourbies.
GERANIUM MINUTIFLORUM. Jord. Aulas, Aumessas.

feuilles inférieures vraiment pinnatifide, à dents étroites à la base, très obtuses et élargies au sommet. Les silicules ont à peu près la forme de celles de l’ I. pinnata, et l’inflorescence se rapporte à ce type par sa grappe courte, resserrée sur elle-même après l’anthèse.
M. Timbal Lagrave, examinant nos échantillons avec sa compétence ordinaire a d’abord constaté leur affinité avec l’I. pandurœformis Pourr. Il a ensuite découvert en eux quelques traits qui l’ont décidé à voir dans le produit de notre récolte une espèce nouvelle qu’il nous a très gracieusement dédiée. (Iberis Martini Timb. Lag.)
Sans cacher notre goût pour ln solution proposée par notre savant ami, nous avouons être peu sympathique à la création d’une espèce qui semble assez contestable, et nous préférons réunir, jusqu’à plus ample informé, la crucifère en question, soit. à l’espèce de Pourret supposée légitime, soit même à la variété de l’ I. pinnata L. que Lamarck, dans la Flore française , a désignée sous le nom de Var. τ Crenata λ.
(1) Ce Polygala est distinct par ses belles et grandes fleurs bleues ou roses, et par ses bractéoles cilicés.

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RHAMNUS SAXATILIS. L. La Tessonne (Diom.), le bois de Salbouz (Mart.)
MEDICAGO CINERASCENS. Jord. Bords des routes.
M. TIMEROYI. Jord. Les cultures à Arrigas, à Campestre.
TRIFOLIUM LEUCANTHUM. M. Bieb.. Les Châtaigneraies à la côte de Montdardier (Diom.).
TRIFOLIUM LIGUSTICUM. Ball. Les vignes au Vigan (Diom.).
VICIA TIMBALI. Loret. Blandas, le Luc (Mart.)..
V. CUNEATA. Guss. Vignes, à Aulas (Diom.).
CRACCA VILLOSA. Gr. et God.. Haies au Causse-Begon, (Diom.). ; au pont de l’Hérault (Anth.)..
ERVUM TERRONI. Ten..Cracca minor. Var. Leiocarpa Mor. Blandas, le Luc (Mart.).
ERVUM PUBESCENS. D.C. La croix au Vigan (Diom.).
PRUNUS FRUTICANS. Weihe. Partout.
P. PADUS. L. bois à Prunaret (Mart.).
POTENTILLA COLLINA. Wib. Aulas (Diom.).
ROSA (1) MEDIA. Nob. R. pervirens. Gr. in litteris, Alzon (Mart.) environs du Vigan. (Diom.) (2).

(1) Il est évident qu’il ne faut pas chercher dans le livre de Pouzolz la mention de certaines roses qui doivent leur origine à des travaux récents dont le botaniste Nîmois n’a pas pu avoir connaissance. On verra du reste, dans notre catalogue, qu’une série particulière de nos additions à la Flore du Gard provient de ces genres critiques, étudiés de nos jours avec un soin minutieux, dans lesquels une analyse bien conduite a permis, au moyen de dédoublements heureux opérés sur les anciens types, de distinguer un certain nombre de formes végétales intéressantes et dignes d’être conservées.
(2) Le Rosa media est ainsi caractérisé : tiges à rameaux allongés et décombants ; folioles ovales ou oblongues, d’un vert foncé en dessus, pâles en dessous, ni luisantes, ni glaucescentes, fermes, épaisses, coriaces, caduques, dentées en scie; pédoncules pubescents, portant des glandes et des aiguillons ; stipules oblongues ciliées, glanduleuses, pédoncules hispides, solitaires ou en corymbe ; calice à tube ovoïde glabre, divisions calicinales entières, glanduleuses sur les bords, pubescentes en dessous ; fleurs blanches, inodores, étamines égalant ou dépassant les styles, ceux-ci réunis en colonne légèrement hérissée ; fruit oblong ou globuleux, glabre.
Notre rose appartient à la section des synstylées, dans laquelle elle occupe

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ROSA POUZINI. Trach. Partout.
Var. ε Diomedis, Gr. Aulas (Diom).
Var. λ Subintrans, Gr. Aulas (Diom).
ROSA OBTUSIFOLIA. Desv. Campestre, Cauvallat.
R. URBICA. Léman. Partout.
R. SIMLATA. Puget. Environs du Vigan, Saint-Sauveur-des-Pourcils.
R. MICRANTHA. Sm. Partout.
GALIUM DUMETORUM. Jord. Haies, à Servi11ières (Mart.).
G. SAXATILE. L. pelouses de l’Aigoual (Mart.).
ScABIOSA PRATENSIS Jord. Prairies à Piéchegut (Anth.) (1)
S. PATENS. Jord. Bords des routes.
LEUCANTHEMUM SUBGLAUCUM. Laremb. Pentes de la Tessone.
CENTAUREA NEMORALIS. Jord. Les prairies.
CENTAUREA OBSCURA. Jord. Prairies montagneuses.
c. PRATENSIS. Thuill. Les Combes, au Vigan (Anth.).
C. TENUISECTA. Jord. Environs d’Aulas et du Vigan.
C. MONTANA. L. Var. Granitica Nobis (2.) ; prairies granitiques

une place à côté de ses congénères la R. arvensis et la R. sempervirens.
Les caractères exposés dans notre description établissent sans conteste son existence spécifique et ne permettent sa confusion ni avec l’une ni avec l’autre de ses voisines. M. Grenier, que nous avions coutume de consulter dans nos embarras de diagnose botanique, conçut d’abord la pensée d’assigner à cette rose une origine hybride et il emprunta même pour·elle à la nomenclature de Schiède le nom complexe de R. sempervirenti-arvensis.
Mais cette idée fut bien vite abandonnée par le professeur de Besançon, quand il sut que notre plante est plus commune et plus répandue que ne le sont d’ordinaire les produits hybrides, et qu’on la trouve habituellement séparés de ses prétendus parents et vivant qans un état d’isolement peu favorable à la formation des alliances adultérines.
(1) Le C. pratensis se fait remarquer par la précocité de sa végétation. On le récolte sur la montagne à 800 mètres d’altitude plusieurs semaines avant que le Scabiosa patens se montre dans nos basses régions.
(2) Voici le signalement de notre plante : tiges ferme, fortement cannelée souvent rameuses, portant plusieurs calathides ; feuilles vertes, à duvet

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 à Aumessas, à environ 800 mètres d’altitude (Mart). à Piéchegut (Anth).

aranéeux et non blanchâtres cotonneuses, asses étroitement lancéolées, les moyennes longuement décurrentes, et pourvues de grosses dents ; calathides grandes, ovales, à écailles vertes ou jaunâtres au centre, entourées d’une bordure noire à franges concolores ; graines à aigrettes de poils 4-5 fois plus courtes qu’elles.
La flore du Gard possède deux formes de Centaurea montana. L’une d’elles est celle dont nous venons de donner une description sommaire; l’autre est caractérisée par les signes suivants : tiges ordinairement simples, cotonneuses, cannelées ; feuilles peu décurrentes, blanches, tomenteuses, sans duvet aranéeux, larges, oblongues, lancéolées,entières, acuminées, capitules de moyenne grosseur, ovoïdes; involucres à écailles vertes au centre, bordées de brun. à cils roux à la base et blanchâtres au sommet ; graines petites à cils 5-6 fois plus courts que les graines, La première de ces formes parait être propre à notre région montagneuse, où elle croit sur le terrain granitique. La seconde, plus commune et moins exclusive, se plait dans les endroits les plus opposés du département et habite à la fois la forêt de la Chartreuse de Valbonne et notre bois de Salbouz. Quel jugement doit-on porter sur la valeur de ces deux plantes ? Convient-il de les réunir à titre de variétés d’un seul et même type, ou faut-il les séparer nettement en deux espèces distinctes ? Nous avons adopté la première solution, qui est dans le sens de nos idées sur la question générale des espèces affines. Toutefois,la seconde ne paraît pas insoutenable et la connaissance de certains faits botaniques que nous avons constatés semble la recommander. On observe en effet ici que la plante d’Aumessas et de Piéchegut et celle de notre bois de Salbouz, qui vivent dans la même zone montagneuse et à peu près à la même altitude.se distinguent cependant l’une de l’autre par des caractères assez importants. On remarque aussi que des échantillons de Centaurea, pris dans le bois de Valbonne ou dans la forêt de Salbouz se montrent avec les attributs de la plus exacte conformité, bien que les deux stations où on les récolte diffèrent entre elles par plusieurs points, et présentent en particulier une diversité· altitudinaire de plus de 500 mètres. Ces données incontestables ne protestent-elles pas contre l’explication qui tend à voir dans nos deux formes de C. montana le produit de causes extérieures agissant sur un seul type et le modifiant à leur gré ? ne sont-elle pas plutôt favorables à l’interprétation qui se fonde 1ur la réalitté de deux types spécifiques ? Pour ces raisons, nous aurions dû peut-être prendre, dans la manière de considérer nos plantes, un autre parti que celui que nous avons suivi.Nous avouons qu’il nous a répugné surtout de proposer, sans motifs suffisamment convaincants, une création nouvelle dans un groupe botanique déjà passablement surchargé d’espèces contestées.

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PICRIS PYRENAÏCA. L. Les prairies à Valleraugue (Diom.)
LACTUCA RAMOSISSIMA. Gren. Montdardier (Diom.) Aumessas, Le Luc (Mart.)
HIERACIUM JAUBERTIANUM. Timb. et Lor. Haies, bois
H. BIFIDUM. Kit. Lieux incultes.
H. VESTlTUM. Gr. et God. Campestre (Mart.)
Il. ALBULUM. Jord. Les rochers à Valleraugue (Diom. et Mart).
PHYTEUMA CHARMELLÜ. Mill. Dolomies au pic d’Angeau.(Diom.)
GENTIANA ACAULIS. L. Prairies à Banahu (Poujol) (1).
MYOSOTIS ALPESTRIS. Schm. M. Silvatica. V. ζ. alpestris. Rchb. fils, bois de l’Aigoual (Mart.)
EUPHRASIA MONTANA. Jord. Prairies sèches à la Sereyrède (Mart.)
E. MAIALIS. Jord. Le Vigan (Diom.) La Rigalderie (Mart.)
EUPHRASlA RIGIDULA. Jord. Pelouses des montagnes,
E. ERICETORUM Jord. Montagne d’Aulas (Diom.) Camprieux (Mart.)
E. CEBENENSIS. (Mart.) Prairies siliceuses à Aulas, Aumessas, La·Barraque-de-Michel, La Sereyrède (2).

(1) M. Poujol, de Meyrueis, qui a rencontré le G. Acaulis dans nos montagnes, nous a permis de reconnaître l’authenticité de sa découverte en nous montrant, avec la meilleure courtoisie ses échantillons d’herbier. Nous félicitons bien sincèrement ce botaniste d’avoir, plus heureux que d’autres, réussi à retrouver la trace, perdue depuis Gouan, d’une des plus précieuses raretés de notre Flore.
(2) Un mot sur les vicissitudes que l’E. Cebennensis a eues à subir. Crée sous les auspices de M. Grenier, répudiée peu après par son patron , cette espèce a été confondue dans la Flore Jurassique avec l’E. Majalis Jord et réduite à la condition d’un simple synonyme de l’espèce Jordanienne.
Plus tard pourtant une meilleure destinée lui est échue, et son premier protecteur s’est fait un devoir de lui restituer son ancien rang. Voici en quels termes bienveillants le professeur de Besançon nous exprimait son changement d’opinion à cet égard :
« J’ai, nous écrivait-il à la date du 26 mars 1874, une nouvelle agréable à vous donner. Votre E. Cebennensis est désormais pour moi une excellente espèce. J’ai eu tort de réunir dans ma flore du Jura votre plante à

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EUPHRASIA CUPRÆA. Jord. Salbouz , La Rigalderie (Mart.)
GLOBULARIA WILLKOMMII Nymann. Les terrains calcaires (1).
OROBANCHE COLUMBARIŒ. Vauch. Aulas, sur les racines du Lactuca virosa (Diom.)
THYMUS NITENS. Lamotte. T. Herba Bana, Lois. var. Environs du Vigan, (Anth.) Molières, (Diom.) Aumessas et Arrigas, où il s’élève dans la montagne jusqu’à 1 000 mètres (Mart.) (2).
THESIUM PRATERSE. Erh. Prunaret , près de Dourbies (Diom.)
POLYGONUM MITE. Schrank. Les fossés à Cauvalat, près le Vigan (Diom.)

» l’E. Majalis. Elle en diffère par ses feuilles plus larges, à dents plus obtuses les inférieures à dents plus arrondies, les supérieures à dents moins acuminées , par sa capsule très distinctement émarginée et non pas tronquée au sommet comme celle du Majalis. Vous pourrez la rétablir comme telle dans votre catalogue.
Il est intéressant pour nous d’ajouter qu’un botaniste distingué, M. Lamotte, sans connaître le jugement définitif de M. Grenier sur l’ E. Cebennensis a été conduit par son observat1on personnelle à affirmer la légitimité spécifique de la plante, et n’a pas hésité à lui donner une place dans le Prodrome de la flore du plateau central de la France. 2e part. p. 568.
(1) Ce globularia a été déjà signalé dans la partie basse de l’arrondissement du Vigan, par M. l’abbé Magnen, curé de Caissargues.
(2) La publication du T. nitens est due à un botaniste trop compétent pour qu’il y ait lieu d”élever le moindre doute sur sa valeur spécifique. Si cependant cette espèce devait être un jour frappée de déchéance, et passer pour une simple variété du T. Herba Barona, la découverte de notre ami M. Anthouard ne serait pas pour cela dépourvue d’intérêt. Elle risquerait, en tout cas, au dire de M. Lamotte lui-même, comme une particularité remarquable de géographie botanique, qui permettrait d’inscrire sur le catalogue de la flore des Cévennes une plante propre aux régions plus méridionales de la Corse et de l’Espagne. Au reste, ce fait si curieux au point de vue de la dispersion des espèces n’est pas unique dans notre flore. Les botanistes de la contrée savent depuis longtemps que M. Diomède Tweskiewicz a trouvé dans les environs du Vigan, le Trifoliun Leucanthum M. Bieb ; intéressante légumineuse dont jusqu’à ce jour les flores de France n’ont indiqué la présence qu’en Corse, et qui n’est pas moins dépaysée dans nos montagnes que la Labiée de Loiseleur.

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SCILLA LILIO-HYACINTHUS. L. Bois de Salbouz. (Mart.)
ORNITHOGALUM TENUIFOLIUM. Guss. Les prairies, les bords des routes (Mart.)
GAGEA STENOPETALA. Fries. Campestre et Luc (Mart.)
G. SAXATILIS. Koch Alzon (Mart.) Le Vigan (Anth. et Diom.)
EPIPACTIS ATRO-RUBENS. La Tessone (Diom.)
E. MICROPHILLA. Swartz. Aulas, Aumessas, le bois de Salbouz.
ORCHIS INCARNATA. L. Prairies des bords de l’Arre, Avillères, La Fouzette, Le Vigan.
OPHRYS SCOLOPAX. Cav. Bords de la Vis à Saint-Laurent-le-Minier (Anth.) à Vissec (Mart.)
CAREX MAIRII. Coss. et Ger. Prairies à Avillères, bords de la Vis à Vissec (Mart.)
ANTHOXANTHUM PUELII. Lec. et Lam. Les environs d’Aulas et du Vigan (Anth.) (1).
AGROSTIS OLIVETORUM. Gr. et God. Lieux secs sur la route de Madières, à Gornies (Mart.)
AGROPYRUM GLAUCUM. Rœm et Schultz. Les Molières (Diom.) Blandas et Arrigas (Mart.) (2).
ASPLENIUM VIRIDE. Huds. Torrents à Saint-Sauveur-des-Pourcils (Mart.); rochers de la Cascade de Bramabioou (Anth.)

(1) Si M. E. Hackel, le savant agrostographe autrichien n’a pas fait erreur en se prononçant pour l’identité de l’ anthoxanthum puelii Lec. et Lam. et l’ anthoxantum aristatum Boiss. (in Bull. de la soc. bot. de France, tom. 27e, p. 230), il est indifférent que notre plante prenne l’étiquette que nous lui donnons, ou qu’elle conserve le nom sous lequel M. G. Rouy l’a désignée en la publiant avant nous, (in Bull. de la soc. bot. de France, tom. 28e, p. 36). Nous n’avons pas à juger l’opinion exprimée par le professeur Hackel. Bornons-nous à dire, au sujet fies échantillons de la graminée des environs d’Aulas et du Vigan qui nous ont été communiqués par M. Anthouard, qu’ils ne ressemblent guère à des exemplaires espagnols de la plante de Boissier, que nous tenons de la libéralité de notre ami M. Barrandon de Montpellier, et qu’ils ont plutôt les caractères classiques attribués à l’espèce de Lecoq et Lamotte.
(2) Une forme de l’ Agropyrum Glaucum, pubescente dans toutes ses parties, a été rencontrée à l’Espérou, par M. l’abbé Matignon, curé d’Arre.

Aumessas 1882.
B. MARTIN.